Quand l'e-sport s'engage pour l'écologie

Points clés

• L'esport, en tant qu'industrie en pleine croissance, a un impact environnemental croissant
• De plus en plus d'acteurs de l'esport prennent conscience de leur responsabilité écologique
• Des initiatives émergent pour réduire l'empreinte carbone des événements esportifs
• Les joueurs et les équipes s'engagent dans des actions de sensibilisation et de collecte de fonds
• Les éditeurs de jeux intègrent des messages écologiques dans leurs titres
• L'esport a le potentiel de toucher un large public, notamment les jeunes, sur les questions environnementales

Vous aimez l'esport ? Vous vous souciez de la planète ? Alors cette tendance émergente devrait vous intéresser. De plus en plus d'acteurs du monde de l'esport, des joueurs aux organisateurs en passant par les éditeurs, s'engagent pour l'écologie et de nombreuses initiatives sont mises en place pour démocratiser l'e-sport. Une prise de conscience qui pourrait bien changer la donne, dans une industrie en pleine croissance mais dont l'impact environnemental est souvent méconnu.

L'esport, un géant aux pieds d'argile écologique ?

Commençons par un constat : l'esport, c'est big business. Des tournois qui remplissent des stades, des millions de spectateurs en ligne, des cash prizes qui donnent le tournis... Ce qui était autrefois un passe-temps de niche est devenu une industrie mondiale pesant des milliards de dollars. Mais cette croissance fulgurante a un coût environnemental souvent ignoré.

Pensez-y : des milliers de joueurs et de fans qui voyagent aux quatre coins du monde pour assister aux compétitions, des stades et des salles climatisés, des ordinateurs et des serveurs qui tournent à plein régime... Tout cela a un impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre, de consommation d'énergie et de production de déchets électroniques. Sans parler de la pollution numérique générée par le streaming et le téléchargement de jeux.

Une prise de conscience progressive

Heureusement, de plus en plus d'acteurs de l'esport prennent conscience de leur responsabilité écologique. Pendant longtemps, l'esport s'est développé sans trop se poser de questions, dans une logique de croissance à tout prix. Mais les mentalités évoluent et il y a une vraie prise de conscience, une envie de faire les choses différemment.

Cette prise de conscience se traduit par des initiatives concrètes à tous les niveaux de l'écosystème esportif. Des organisateurs de tournois qui cherchent à réduire l'empreinte carbone de leurs événements, des équipes et des joueurs qui s'engagent dans des actions de sensibilisation et de collecte de fonds, des éditeurs de jeux qui intègrent des messages écologiques dans leurs titres... Les exemples ne manquent pas.

Des événements esportifs plus verts

Prenons le cas des événements esportifs. Organiser un tournoi majeur, c'est un peu comme organiser un petit Coachella : ça implique de faire venir des milliers de personnes dans un même lieu, avec tout ce que cela suppose en termes de transport, d'hébergement, de restauration et de gestion des déchets. Un vrai défi écologique.

Face à cela, certains organisateurs cherchent à réduire l'empreinte carbone de leurs événements. C'est le cas de DreamHack, un des plus grands festivals de gaming au monde. Lors de leur édition d'hiver 2019 à Jönköping en Suède, ils ont mis en place tout un arsenal de mesures éco-responsables : utilisation d'électricité 100% renouvelable, vaisselle réutilisable, recyclage des déchets, incitation aux transports en commun... Résultat : une réduction de 30% des émissions de CO2 par rapport à l'édition précédente.

D'autres organisateurs misent sur la compensation carbone. C'est le choix fait par Ubisoft pour son tournoi Rainbow Six Siege en 2021. En partenariat avec l'ONG Ecologi, ils se sont engagés à planter un arbre pour chaque kill réalisé pendant le tournoi. Au total, ce sont plus de 20 000 arbres qui ont été plantés, compensant ainsi les émissions liées à l'événement.

Des joueurs et des équipes engagés

Mais l'engagement écologique dans l'esport ne se limite pas aux organisateurs. De plus en plus de joueurs et d'équipes prennent aussi leur part. Certains utilisent leur notoriété pour sensibiliser leur communauté aux enjeux environnementaux. C'est le cas de Cédric "RpK" Guipouy, joueur professionnel de Counter-Strike, qui partage régulièrement sur les réseaux sociaux des gestes éco-responsables et des initiatives à soutenir.

D'autres vont plus loin et s'engagent dans des actions concrètes. En 2019, l'équipe danoise Astralis a lancé une campagne de collecte de fonds pour planter des arbres en partenariat avec l'ONG One Tree Planted. Ils se sont engagés à planter un arbre pour chaque kill réalisé par leurs joueurs lors des tournois majeurs de l'année. Au total, ce sont plus de 5 000 arbres qui ont été plantés grâce à cette initiative.

Certaines équipes vont jusqu'à intégrer l'engagement écologique dans leur identité même. C'est le cas de Vitality, une des principales structures esportives françaises. En 2020, ils ont lancé leur programme "Vitality for the planet", un ensemble d'engagements et d'actions en faveur de l'environnement. Cela passe par la compensation carbone de leurs déplacements, le recyclage de leurs équipements électroniques, ou encore des partenariats avec des marques éco-responsables.

Des jeux vidéo plus verts

Mais l'engagement écologique dans l'esport ne serait pas complet sans l'implication des éditeurs de jeux. Après tout, ce sont eux qui créent le contenu sur lequel repose toute l'industrie. Et là aussi, les choses bougent.

Certains éditeurs cherchent à réduire l'impact environnemental de leurs jeux. C'est le cas d'Ubisoft, qui a lancé en 2021 un "Green Game Jam" en partenariat avec l'ONU Environnement. Le principe : inviter les studios de développement à imaginer des fonctionnalités de jeu encourageant les comportements éco-responsables. Parmi les idées retenues : un mode de jeu "économie d'énergie" dans Riders Republic, ou encore une mission de nettoyage des océans dans Hungry Shark World.

D'autres vont plus loin et intègrent des messages écologiques directement dans le scénario de leurs jeux. C'est le cas de Beyond Blue, un jeu d'exploration sous-marine développé en partenariat avec des océanologues. Tout en explorant les fonds marins et en étudiant la faune aquatique, le joueur est sensibilisé aux menaces qui pèsent sur ces écosystèmes fragiles, comme la pollution plastique ou le réchauffement climatique.

L'esport, un levier de sensibilisation massive

Au-delà de son propre impact environnemental, l'esport a aussi un rôle à jouer en tant que levier de sensibilisation. Avec ses millions de fans à travers le monde, majoritairement jeunes, il a le potentiel de toucher un public large et divers sur les questions écologiques.

C'est tout l'enjeu du "green gaming", un mouvement qui vise à utiliser les jeux vidéo et l'esport comme des outils d'éducation et de mobilisation environnementale. L'idée : profiter de la force d'engagement des jeux pour encourager les bonnes pratiques, susciter des vocations, et faire évoluer les mentalités.

Un exemple ? Le "Climat Challenge" organisé par l'ONU Environnement en marge de la COP26. Cette compétition invitait les joueurs du monde entier à imaginer des solutions innovantes pour lutter contre le changement climatique, le tout sous forme de défis dans des jeux comme Minecraft ou Cities: Skylines. Une façon ludique et interactive de sensibiliser les jeunes aux enjeux climatiques.

Vers un esport durable ?

Alors, l'esport peut-il devenir un champion de l'écologie ? Le chemin est encore long, mais les initiatives se multiplient et la prise de conscience est réelle. De plus en plus d'acteurs de l'industrie réalisent que la croissance ne peut plus se faire au détriment de l'environnement, et que l'engagement écologique est aussi un facteur de différenciation et d'attractivité, notamment auprès des jeunes.

Mais pour que ce mouvement s'amplifie, il faudra l'engagement de tous. Des organisateurs qui repensent leurs événements, des équipes et des joueurs qui utilisent leur influence à bon escient, des éditeurs qui intègrent l'écologie dans leurs créations, et des fans qui soutiennent et encouragent ces initiatives. C'est à ce prix que l'esport pourra devenir un acteur majeur de la transition écologique.

Des exemples à suivre

Certains acteurs montrent déjà la voie. Comme "Refill", un projet français qui propose des fontaines à eau dans les événements esportifs pour réduire l'utilisation de bouteilles en plastique. Ou encore "Greenman Gaming", une plateforme de distribution de jeux qui compense les émissions carbone de chaque jeu acheté.

Et que dire de "Ninjas in Pyjamas", une des plus anciennes équipes esportives, qui a lancé en 2021 son programme "NIP Sustainability"? Au menu : des partenariats avec des marques durables, des actions de sensibilisation, et même un "forest camp" où les joueurs se forment à l'écologie en pleine nature. Tout un symbole.

Conclusion

L'esport et l'écologie, une alliance improbable ? Pas si sûr. Comme le montre cette tendance émergente, de plus en plus d'acteurs du milieu prennent conscience de leur responsabilité environnementale et s'engagent dans des actions concrètes. Des événements plus verts, des joueurs mobilisés, des jeux porteurs de messages... Les initiatives se multiplient.

Bien sûr, le chemin est encore long et semé d'embûches. Changer les mentalités et les pratiques dans une industrie en pleine croissance n'est pas chose facile. Mais l'enjeu en vaut la chandelle. Avec sa popularité mondiale et son public jeune, l'esport a le potentiel de devenir un acteur majeur de la sensibilisation écologique.

Alors, prêts à jouer pour la planète ? L'avenir de l'esport, et peut-être même celui de notre environnement, en dépend. Il est temps de passer à l'action, manette en main. Game on!